Exposition

Sentiment atmosphérique


La Prom' : elle est la quintessence de la carte postale d'un été brûlant.
Tout au long de sa courbe, on cultive l'art de déambuler pour s'enivrer de lumière.
Sur ses bancs, ses galets on se repose, on s'adonne au cérémonial d'un pan-bagnat parfumé à la crème solaire. La mer est une invite si tendre et c'est elle qui balise toute chose .
La Promenade des Anglais c'est ce théâtre à ciel ouvert où on pratique l'insouciance, la flânerie comme des sports doux, où chacun est le regardant et celui qu'on regarde.
C'est un promenoir grandiose qui brasse les âges et favorise les rencontres.


Cette signature d'un agora solaire d'écume et de ciel bleu, où on s'adonne à un farniente collectif, ce n'est pas celle retenue par Michel Nizio.
Ce dernier photographie l'absence. Nous sommes en morte-saison. Nul passant ne vient interférer avec l'horizon et le couper. Les bancs sont nus, personne ne joue sur le stade de pilou, le panneau publicitaire ne vend que cette lumière blanche qui rend inutiles les parasols.
Ceux-ci sont trois pieds échoués comme des petits voiliers désarmés sur les cailloux.
La plage n'est plus qu'un cimetière où échouent troncs d'arbres portés par des tempêtes d'arrière-pays.
On en condamne même l'accès par des barrières que corrode le sel comme il corrode les présentoirs à prospectus ou l'incongrue bouche d'égout balnéaire.

Cet avers de l'azur pourrait engendrer vide et mélancolie. Pourtant dans ce paysage qui n'est plus qu'une toile d'hiver, réduite à l'essentiel d'un horizon qui partage le ciel et l'eau en une partition égale la trace de l'homme est partout présente. Tout dit l'attente, tout est dépeuplé mais chaque élément photographique raconte, à sa façon, une histoire éternelle : celle des hommes, des lieux, de la lumière et du temps.


Texte de Rémi Tournier